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jeudi 5 mai 2022

DIMANCHE DES VOCATIONS (8 MAI 2022)

 

VOUS AVEZ DIT : "VOCATIONS" ?


On dit que l’Eglise, première multinationale du monde, manque de cadres. Sans doute est-ce pour cela qu’on a instauré, voici déjà plusieurs décennies, un « Dimanche des vocations », et qu’il y a même un « service diocésain des vocations » à Liège qui édite de belles affiches, fait des campagnes d’information…

C’est vrai que nous tous,  moi le premier, souhaiterions qu'il y ait plus de prêtres, plus de diacres, plus de religieux et religieuses, et encore plus de laïcs engagés. Ici et ailleurs.

On sent de plus en plus le poids de ces structures qui devient de plus en plus lourd au fur et à mesure que les « cadres », les bénévoles et les professionnels, disparaissent et ne sont pas remplacés.

Les membres des Fabriques d’Eglise, les responsables d’associations de solidarité, d’équipes-relais, les catéchistes et autres sacristains, font l’objet d’une chasse effrénée.

Ne parlons pas des prêtres ou même des candidats-diacres… Une seule ordination presbytérale cette année ! (Mais quand même quatre nouveaux diacres ordonnés, dont trois africains).


Mais est-ce si vrai que l’Eglise manquerait de cadres ?

Et bien non, désolé.


Plus précisément, quand nous pensons ainsi –et je suis souvent le premier à le faire ! - quand nous pensons ainsi, et seulement ainsi, je crois que nous nous trompons lourdement.

 C'est vrai: dans sa réalité concrète, l'Eglise manque de bras, les paroisses manquent d'ouvriers. Ici comme ailleurs.  


MAIS, des bras POUR QUOI FAIRE ? Pour faire quoi ?


La vie d'un prêtre peut-elle se résumer à une succession de messes, baptêmes, mariages et enterrements –même si c'est passionnant – et des réunions, des réunions du matin au soir au détriment d'autres temps de prière, de rencontre, de partage, de construction?

Le ministère d'un diacre permanent –on a la chance d’en avoir 2 dans notre unité - peut-il s'exercer au détriment de sa vie de famille, et de son équilibre personnel parce que, c'est vrai, on a besoin de lui pour boucher pleins de trous ?

La vie des laïcs engagés, avec toute la générosité dont je suis témoin, peut-elle se résumer à tous les engagements pris, sans compter qu'on leur en demande toujours plus?

En fait, on est en train d’EPUISER TOUT LE MONDE. Et pour quelle « rentabilité », quelle efficacité, pour parler le langage des multinationales (qui est souvent celui des PDG de l’Eglise) ?  Pas grand-chose, vraiment. Et au final, c’est ce qui est vraiment important, la fécondité, qui en prend un coup.

On s’épuise à maintenir et à faire fonctionner tant bien que mal des structures, qui ont eu leur utilité et leur heure de gloire, mais qui parfois ne sont plus guère que des coquilles vides. Vides, comme nos églises.

Si ce n'est que pour « faire tourner la boutique », franchement, est-ce indispensable d’avoir des prêtres, des diacres, des religieux ? Sont-ils ordonnés pour cela ? Jésus a-t-il appelé les apôtres pour faire des rapports ?


Et vous, chers paroissiens engagés, n’êtes-vous là que pour boucher des trous de plus en plus nombreux ?


Ces questions, nous sommes de plus en plus nombreux à nous les poser.

Est-ce que nous mettons notre énergie au bon endroit ?  La démarche synodale initiée par le pape et relayée dans le monde entier nous interpelle à ce sujet.


… "Mais alors, si on ne remplit pas les cadres, l’Eglise va s’écrouler ?  Déjà, nos églises de pierre…."

 ET ALORS ?  Le Christ n’a pas annoncé l’Eglise, mais le Royaume. L’Eglise n’est qu’un moyen. Les structures n’existent pas pour elles-mêmes, et quand elles ne remplissent plus leur office, il faut les remplacer ou les supprimer.


Les questions d’organisation et de fonctionnement qui nous prennent tant de temps et d’énergie aujourd’hui sont bien réelles. Elles s’imposent à nous de façon très concrète dans la vie de tous les jours. On ne peut pas dire aux gens qui demandent des services « allez ailleurs » ! 


…………….Mais ces questions risquent, peu à peu, de nous éloigner de l'essentiel.

L'essentiel: c'est le Christ qui est Berger, c'est le Christ qui est Pasteur.  Lui et lui seul.


L'Eglise n'est pas une entreprise multinationale.

Elle n'est qu'une part, une part visible, réelle, tangible, mais une part seulement de la libre réponse de l'homme à l'appel de son Pasteur, le Christ.

Et c'est vers lui, vers lui toujours, que nous devons nous tourner.

Répondre à l'appel de notre Pasteur, le contempler, le prier… le suivre sur son chemin de résurrection.

Notre cœur est en Christ, pas dans une multinationale, aussi respectable soit-elle. Notre cœur est en Christ.


D'ailleurs -et je m’en réjouis chaque jour- le Christ a d'autres bergeries, d'autres troupeaux.

Comment parle-t-il à ses autres brebis?

A tous ces hommes et femmes de bonne volonté qui ne partagent pas nos convictions mais dont il est aussi le Pasteur?   Cela, nous le savons pas. Ce n'est pas à nous d'en juger.

Mais nous pouvons voir les fruits dont ils sont porteurs : fruits d’amour, de partage, de solidarité, de justice…

Pour nous en tout cas, pour ce que nous en savons, l'aventure de l’Eglise a commencé avec seulement une poignée d'hommes et de femmes, premiers témoins de la résurrection.

Pourquoi en serait-il autrement aujourd'hui?

Pourquoi rêver d'une Eglise d'une église qui peut tout faire, qui sait tout ?

Essayons simplement de répondre à l'appel du Seigneur tel que nous, nous sommes à même de l'entendre.


Cet appel de notre berger et pasteur, nous l'avons entendu dimanche dernier au travers de la question que Jésus a posé à trois reprises à Simon-Pierre:

"Simon, fils de Jean, m'aimes-tu?"

C'est la même question que Le Seigneur nous pose aujourd'hui.

Puissions-nous avoir la même réponse que Pierre lui-même:

"Seigneur, tu sais tout, tu sais bien que je t'aime".

 

... Pour important qu'il soit, le reste n'est que secondaire.

Votre frère prêtre,

Bernard


P.S. Mais je vous annonce quand même la bonne nouvelle : La communauté des prêtres Oblats de Marie Immaculée de Verviers (Freddy Matongo et Jean-Gilbert Kikalulu) s'étoffera bientôt d'un nouveau membre, doctorant congolais prêté au service du diocèse pour quelques années, et qui sera détaché en tant que vicaire dans l'unité pastorale du Sacré-Coeur de Dison-Andrimont. Merci à l'évêque Mgr Delville et au doyen Stanis Kanda qui ont permis cet arrangement ! Les cloches de Rome ont bien sonné... même si ce nouveau vicaire n'arrivera qu'en septembre probablement. Son nom ne nous est pas encore connu, et il résidera avec ses confrères Oblats à Verviers. 

D'autre part, une des quatre religieuses de l'instruction Chrétienne installées au Centre Pastoral "Carrefour" de Verviers le 30 mars dernier, Soeur Agnès Kidjabuhere Kacey, est officiellement envoyée en mission auprès des jeunes de notre unité pastorale ; elle a d'ailleurs déjà participé à la retraite de profession de foi qui vient de se dérouler à Banneux ; son enthousiasme et sa simplicité de communication ont déjà fait mouche chez les jeunes ! Et elle déborde d'idées... 

Nous accueillons avec joie ces nouvelles énergies dans notre unité pastorale ; faisons en sorte qu'elles soient bien employées avec discernement en favorisant l'épanouissement de toutes leurs qualités humaines dans des communautés responsables, et non dans un seul rapport utilitaire.  Bienvenue !