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dimanche 8 mai 2022

"VA, TOUJOURS PLUS HAUT !"

 Homélie de la messe d'action de grâces des jeunes - profession de foi 2022


Le célébrant prend sur la « montagne » un des « sherpas » (personnages de bois et de carton avec sac au dos et bâton- que les jeunes ont confectionnés à la retraite de profession de foi et qui les représentent) ; il le montre à tous :   

 


Bonjour, je voudrais vous présenter quelqu’un : c’est Arthur.

Arthur, il a 12 ans.

Il se pose une question : « Qu’est-ce que je fous dans ce bordel qu’est le monde d’aujourd’hui ? »

Peut-être que vous vous êtes déjà posé la même question ?

C’est vrai que la vie, elle n’est pas évidente, elle est même très compliquée, surtout pour ceux qui vivent en Ukraine par exemple,

Mais aussi chez nous, où il y a tellement de problèmes. D’ailleurs, Arthur, ses parents ils savent plus tellement comment faire avec lui,

parce qu’il devient adolescent et qu’il les provoque, il cherche sa place, il est pas content du monde qu’on lui a laissé.

Au début, on lui avait dit : « Tu verras, la vie, c’est génial ! Tu auras un smartphone, t’auras plein de copains sur les réseaux sociaux ; l’école te préparera à avoir un bon travail bien payé pour pouvoir t’acheter tout ce dont tu auras envie ; tu auras une petite copine ou un petit copain, et tu seras heureux ! »

Ah oui, tiens !

« Qu’est-ce que je fous dans ce bordel qu’est le monde aujourd’hui ? »

Les marchands de bonheur, il y en a à tous les coins de rue, ceux qui promettent la lune, les pubs à la télé : achète ci, achète ça, et ça sera la fête !

Mais Arthur, il se rend bien compte que ça ne marche pas.

Il est triste de voir qu’il y a tant d’injustices dans le monde, que certains ont beaucoup et d’autres rien.

Qu’on exploite et qu’on harcèle les enfants sur les réseaux sociaux.

Qu’on détruit la planète en polluant toujours plus, détruisant même les animaux et les forêts,

Que les copains, ils sont là tant que tu as du fric et que tu peux faire la fête avec eux, et t’amuser avec ta grosse bagnole ou ta moto pour faire comme les champions…

Mais quand t’es dans la merde, t’es souvent bien seul !

Alors, Arthur, vous savez ce qu’il a fait ?

Eh bien, il a pris son sac qu’il a rempli avec quelques objets de première nécessité, quelques provisions, son bâton et ses souliers de marche, il a pris le train et il est allé sur la montagne, là où ses parents et lui étaient allés une fois il y a longtemps.

Il s’est dit qu’en marchant, en montant, en prenant de l’altitude, avec des efforts pour maîtriser son corps et libérer son esprit, il y verrait mieux.

Il comprendrait mieux, il aura les idées plus claires.

Dans son sac, il avait pris aussi un petit livre, un Evangile.

Il a marché longtemps. Plusieurs jours.

La montagne, ça se mérite !

Il a eu un peu faim, un peu soif, un peu peur aussi parfois de se perdre… Mais sa boussole lui indiquait toujours le bon chemin.

Sur les hauteurs, il respirait le bon air non pollué, il admirait les fleurs et écoutait les oiseaux. Une fois même, il a aperçu des chamois qui galopaient…

Il a rencontré aussi des compagnons de marche qui cherchaient la même chose que lui… Ils ont fait un bout de chemin ensemble.

A l’étape le soir, dans les refuges, il ouvrait son petit livre, les évangiles, et il lisait.


Un matin, il s’est levé en même temps que le soleil. Il y avait plein de lumière partout, l’herbe étincelait de rosée. On aurait dit que Dieu refaisait la création…


Il s’est assis sur un rocher d’où il pouvait voir toute la vallée, il a fermé les yeux, et là, il a ressenti quelque chose d’étrange….

Il s’est senti HEUREUX !

Alors, Arthur, il s’est dit : « C’est donc ça le bonheur ! Il n’y a pas besoin de tant de choses !  Celui qui a Dieu a tout. »


Alors tout à coup, il s’est souvenu des huit paroles de Jésus  qu’il avait lues dans le livre:

Heureux les petits, les pauvres,

Heureux ceux qui sont tristes pour les autres,

Heureux ceux qui veulent plus de justice,

Heureux ceux qui pardonnent aux autres le mal,

Heureux ceux qui ont un cœur propre plein d’amour,

Heureux ceux qui font la paix,

Heureux ceux qu’on harcèle parce qu’ils aiment Dieu.

Si vous vivez ça, dit Jésus, si vous faites ce que je vous dis, heureux serez-vous ! Et ce bonheur, personne ne pourra vous l’enlever.

 

Alors, Arthur, il est redescendu de la montagne. Le jour était complètement levé.

Il avait trouvé son chemin, pour toute sa vie, ses balises. Des bonnes valeurs qui ne mentent pas, qui ne promettent pas du vent, des choses idiotes, mais qui vont l’aider toute sa vie pour construire le vrai bonheur – pas tout seul, mais AVEC Dieu et AVEC et POUR les autres.

Il a compris que ce n’est pas l’exploit qui compte, mais les petites choses de la vie de tous les jours, où on peut mettre plein d’AMOUR.

Le monde pouvait tourner à l’envers, tant pis :

lui et ses nouveau amis, les autres chercheurs de Dieu, ils vont partager ce qu’ils ont trouvé avec plein d’autres personnes. Et petit à petit, d’autres vont avoir envie de monter, de s’élever, de trouver le sens de leur vie…

 


Arthur a trouvé le chemin du bonheur.

Et il ne l’a plus lâché.

Maintenant, je peux vous dire la vérité : c’est une histoire vraie ! Arthur, c’est moi. Je ne voulais pas que vous le sachiez tout de suite en donnant mon prénom.

Je suis ce garçon qui a marché, marché, pour trouver le sens de sa vie. Et je suis devenu prêtre pour partager ce que j’ai trouvé, que Dieu peut rendre heureux celui qui suit Jésus… 

 

Voilà mes amis.

Vous aussi vous avez fait une ascension, durant la retraite. Vous avez quitté votre famille et vos occupations, vos amusements, pour chercher le sens de votre vie.

Vous avez réalisé que vos parents vous ont donné eux aussi plein de bonnes valeurs, des balises pour orienter votre vie dans de bonnes directions.

Et ils vous ont mis sur le chemin chrétien. Là aussi, vous avez trouvé des personnes pour vous soutenir, et nourrir votre foi : prêtres, catéchistes, GPS…


Mais c’est vous qui devrez choisir quel chemin vous allez prendre, quelles valeurs vous allez garder, bien entendu, personne ne peut le faire à votre place. C’est ce que vous avez fait le 1er mai dernier à Banneux, devant vos familles et devant Dieu qui vous entendait. Vous vous êtes en quelque sorte attachés à la cordée qui est la communauté de l’Eglise, comme les drapelets tibétains où vous avez inscrit les paroles de votre profession de foi personnelle, et qui tiennent tous ensemble derrière moi. C’est une chaîne de solidarité et d’amitié, indispensable pour se sentir soutenu.

Peut-être allez-vous continuer l’ascension, faire votre confirmation, et vous engager avec l’aide de l’Esprit Saint pour vivre votre foi dans l’Eglise et la société.

Peut-être allez vous abandonner et lâcher la corde…

Personne n’est obligé !

 

Mais si on a trouvé le vrai bonheur, et des amis pour le partager, eh bien, on a envie de faire comme Pierre et André dans l’évangile : ils ont laissé la pêche aux poissons, leur confort et leurs sécurités, pour suivre Jésus partout, comme un vrai guide de montagne. Et il ne l’ont pas lâché !


 

On va redire maintenant tous ensemble, jeunes, parents, catéchistes, GPS, et toute la communauté, notre foi, notre confiance en ce guide et dans le chemin qu’il propose,

en lisant le « credo de l’assemblée » sur l’encart dans votre feuillet.