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Compagnons du désert (méditations)

Désert…

Voici ce qu'une amie de Lambermont (groupe prière de Taizé) propose ce jour. J'ai trouvé ces méditations apaisantes et nourrissantes. 









Très chers Compagnons de la Traversée du Désert,

Je vous ai un peu abandonné pendant un long moment mais vous étiez dans un coin de mon cœur.

Nous avons vécu différemment tous ces longs jours, peut-être parfois difficilement, mais parfois aussi avec des chemins nouveaux qui s'ouvraient à nous, qui nous permettaient de grandir en humanité.

Dans mes bagages à côté de plein de récits de solidarité dont j'ai été émerveillée, je voudrais vous partager deux choses qui m'ont fait vivre et que j'espère prendre avec moi dans ma vie de tous les jours:
  • après une chronique de Sébastien Ministru à propos de l'amitié, Jérôme Colin  lui a dit simplement "merci". Mais ce merci était tellement plein d'émotion, de gratitude (ce qu'il devrait être) que j'en garderai le souvenir et voudrai en faire usage pour que mes mercis soient de vrais mercis.
  • Jérôme Colin interrogeait Pascal Pick paléoanthropologue  à propos de la pandémie et ce dernier disait qu'à côté du développement individuel, l'homme, cet animal social devait "repenser la manière d'être beaucoup plus collectif". (vous pouvez réentendre cet interview sur Auvio dans l'émission de Jérôme Colin "Entrez sans frapper)
Je crois que nous devrons avoir les yeux et le cœur plus ouverts que jamais après ces temps de "retournement" car les choses seront certainement difficiles, encore plus difficiles  pour une grande partie du monde.

Ce serait bien que vous, mes Compagnons du désert, puissiez partager ce qui vous a fait vivre et vous fera vivre dans l'après-confinement.

Dans l'attente de ce partage, je vous souhaite une belle journée riche d'humanité.

Avec toute mon amitié

Hélène 


(10° avril, 28è jour)

Dernière minute…. avant notre démarrage de chemin de croix.


Dans la communion de pensée.

En toute sincérité

Hélène


(9° avril, 27è jour)

Bonsoir très chers Compagnons de la traversée du désert,

Ce soir, nous allons commémorer le dernier repas de Jésus avec ses apôtres, en quelque sorte avec nous aujourd'hui. Et c'est un bouleversement des valeurs que nous allons y vivre : le maître se fait serviteur. C'est à cela que nous sommes appelés chacune et chacun et ce à la portée de nos moyes,.

Dans ce partage que nous vivons,  je vous assure de mon amitié.

A demain où j'espère, nous nous rejoindrons tous pour accompagner Jésus dans son chemin de croix et tous ceux qui subissent 'un chemin de croix' en ce moment. 

Hélène 


(8° avril, 26è jour)

Très chers Compagnons de la traversée du désert,

Un confinement qui se superpose à un carême, traversée du désert : qu'est-ce que cela  vient  nous dire? Peut-être pourrions-nous profiter de ce ralentissement, de cette lenteur pour en explorer le fond?

Jean Debruynne nous aide à trouver un des chemins de vie. 

Débarrassés du trop-plein de nos sacs, je nous souhaite d'avancer légers, ouverts sur les autres, ouverts sur le Tout-Autre.

A demain

Hélène
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(7° avril, 25è jour)

Bonne nuit les Compagnons de la traversée du désert,

Un texte de Claire Lepage pour nous inviter à résister dans ces temps si difficiles et à trouver des moments d'apaisement, de ressourcement, de force.

Dans ce chemin parfois si chaotique, je veux vous assurer de ma profonde sympathie.

Bien sincèrement



Hélène
Résister
Résister
Face au désespoir, au découragement, à la fatalité,
Découvrir la puissance de l’espérance
Et laisser la vie trouver sa voie.
Résister
Face à la cacophonie du monde,
Choisir un rendez-vous paisible avec soi-même
Apprivoiser la mélodie limpide de son cœur.
Résister
Face aux distractions qui anesthésient l’homme,
Se laisser bouleverser par une rencontre,
Les merveilles de la nature, la magie d’un livre.
Résister
Face aux conventions et à la conformité
Inventer une nouvelle manière d’aimer
Avec douceur, humour et gaité.
Résister
Face aux jugements, aux regrets ou aux peurs
Prendre de la distance,
Pardonner, avancer.
Résister
Face à une mort inéluctable pour les humains que nous sommes
Goûter la vie comme un plat surprenant,
En deviner chaque saveur.
Résister inlassablement
À toute politique, croyance ou religion
Qui n’élève pas l’homme ou la femme.
Surtout ne pas croire détenir la vérité
Mais chercher dans le visage de l‘autre
Des reflets de son âme
Et pourquoi pas… une étincelle du divin.
                                                                       Claire Lepage

Le désert 
(3° avril, 21è jour)

Bonsoir les Compagnons de la traversée du désert,

Un chemin de croix en forme de patchwork où chacun des auteurs apporte ce qu'il est et nous fait ressentir des choses différentes qui vont peut-être nous  permettre d'élargir nos horizons. Donc merci à ceux qui ont composé ou aidé à trouver des textes.

Pour que nous continuions cette grande communion au-delà des murs, je vous/nous propose 
le vendredi saint, soit le vendredi 10 avril 2020 à 15 heures de ménager un moment pour méditer et prier la Passion du Christ à l'aide de ces deux documents. 

Dans ce lien que nous sommes en train de tisser depuis cette traversée, je nous souhaite de vivre une semaine sainte pleine de sens.

En toute amitié
Hélène

https://drive.google.com/file/d/18XUa5wmxxK4eBHe81il01kPWAWgh8qGO/view?usp=sharingCHEMIN DE CROIX



(2° avril, 20è jour)

Bonsoir les Compagnons de la traversée du désert,

Comme les échanges sont intéressants et comme ils peuvent nous faire aller plus loin que sur le seuil où nous nous étions arrêtés.!
Merci à François-Xavier pour ce texte très fort nous rappelant la réalité de la Passion au travers de notre vie, aujourd'hui.


Qui dit qu’il n’y aura pas de Semaine Sainte ?

N’avez-vous pas vu l’immense procession de personnes, sans tunique, ni ceinture, ni capuche, testées positives du coronavirus ?
Ne voyez-vous pas la Via Crucis du personnel soignant remonter le Calvaire de la pandémie, débordant de force et l’angoisse de ne pas pouvoir tenir bon au cœur?
Celui qui dit que le Nazaréen ne sortira pas pour cette Semaine Sainte, n’a pas vu les médecins en blouse blanche et au cœur sensible, qui portent la croix de douleur des personnes touchées ?
Ne voyez-vous pas autant de scientifiques, transpirer sang et eau, comme à Gethsémani, pour trouver un traitement tel un vaccin ?
Ne dites pas que Jésus ne passe pas dans les rues cette année, alors qu’il y a tant de gens qui doivent travailler pour apporter nourriture et médicaments à tout le monde ?
N’avez-vous pas vu le nombre de Cyrénéens s’offrir d’une manière ou d’une autre pour porter les lourdes croix ?
Ne voyez-vous pas combien de personnes, des Véroniques, sont exposées à l’infection pour essuyer le visage des personnes touchées ?
Qui a dit que Jésus ne tombait pas à terre à chaque fois que nous entendons le chiffre froid de nouvelles victimes ?
N’est-ce pas autant de maisons de repos, remplies de personnes âgées aux facteurs à risque les plus élevés et de leurs soignants, qui vivent la Passion ?
N’est-pas comme une Couronne d’épines pour les enfants qui doivent vivre cette crise enfermés, sans trop comprendre et sans courir dans les parcs et les rues ?
Ne se sentent-ils pas injustement condamnés : les écoles, les universités et tant de magasins obligés de fermer ?
Tous les pays du monde, ne se sont-ils pas frappés, flagellés, par le fléau de ce virus ?
Ne sont-ils pas comme Ponce Pilate qui se lave les mains, les dirigeants qui cherchent simplement à tirer un avantage politique de la situation ?
Ne souffrent-elles pas, impuissantes comme les disciples sans le Maître, autant de familles confinées à la maison, beaucoup avec des problèmes, ne sachant pas comment et quand tout finira ?
Le visage douloureux de Marie, ne se reflète-t-il pas dans celui tant de mères et de membres de famille, souffrant de la mort - en plus à distance - d’un être cher?
N’est-elle pas comme le dépouillement d’un vêtement, l’angoisse de tant de familles et de petites entreprises qui voient leurs économies s’évanouir ?
L’agonie de Jésus n’est-elle pas liée au manque de respirateurs dans les unités de soins intensif de tant de pays ?
Ne dites pas : pas de Semaine Sainte, ne le dites pas, car le DRAME DE LA PASSION n’a sûrement presque jamais été aussi réel et authentique !
Traduit de l’espagnol, écrit par Miquel-Àngel Ferrés

Dans l'accompagnement fraternel de ceux qui souffrent et dans la gratitude pour ceux qui s'oublient pour les autres, je vous envoie mon amitié sincère.

A demain

Hélène



(1° avril, 19è jour)

Bonjour à tous nos compagnons de la traversée du désert,


Dans tous ces compagnons  anonymes du désert qui sont derrière le  CCI, il y en a un qui traverse l'épreuve du feu. Il a été très malade et mes/nos  pensées sont avec lui et sa famille.

Mireille nous fait parvenir ce texte sur "nos après". Que faisons-nous de ce temps donné et qu'en ferons-nous? Merci à Mireille de ce partage.

Justement pour l'APRES, je caresse depuis plusieurs jours un grand rêve. Quand nous serons sortis de ce moment de désert, nous pourrions VIVRE un moment de partage non plus virtuellement mais concrètement en septembre par exemple.
Nous y partagerions nos tristesses mais aussi les moments intenses vécus pendant cette traversée. Cela pourrait être une sorte d'auberge espagnole. Lors de ces "agapes"* , nous pourrions apporter des mets à partager ensemble et surtout aussi des textes qui nous ont portés durant ce confinement et qui nous portent d'ordinaire. Je peux imaginer aussi qu'il pourrait y avoir aussi des moments musicaux.


Et tout s’est arrêté…

Ce monde lancé comme un bolide dans sa course folle, ce monde dont nous savions tous qu’il courait à sa perte mais dont personne ne trouvait le bouton « arrêt d’urgence », cette gigantesque machine a soudainement été stoppée net. A cause d’une toute petite bête, un tout petit parasite invisible à l’œil nu, un petit virus de rien du tout… Quelle ironie ! Et nous voilà contraints à ne plus bouger et à ne plus rien faire. Mais que va t-il se passer après ? Lorsque le monde va reprendre sa marche ; après, lorsque la vilaine petite bête aura été vaincue ? A quoi ressemblera notre vie après ?
 Après ?
Nous souvenant de ce que nous aurons vécu dans ce long confinement, nous déciderons d’un jour dans la semaine où nous cesserons de travailler car nous aurons redécouvert comme il est bon de s’arrêter ; un long jour pour goûter le temps qui passe et les autres qui nous entourent. Et nous appellerons cela le dimanche.

 Après ?
Ceux qui habiteront sous le même toit, passeront au moins 3 soirées par semaine ensemble, à jouer, à parler, à prendre soin les uns des autres et aussi à téléphoner à papy qui vit seul de l’autre côté de la ville ou aux cousins qui sont loin. Et nous appellerons cela la famille.

 Après ?
Nous écrirons dans la Constitution qu’on ne peut pas tout acheter, qu’il faut faire la différence entre besoin et caprice, entre désir et convoitise ; qu’un arbre a besoin de temps pour pousser et que le temps qui prend son temps est une bonne chose. Que l’homme n’a jamais été et ne sera jamais tout-puissant et que cette limite, cette fragilité inscrite au fond de son être est une bénédiction puisqu’elle est la condition de possibilité de tout amour. Et nous appellerons cela la sagesse.

 Après ?
Nous applaudirons chaque jour, pas seulement le personnel médical à 20h mais aussi les éboueurs à 6h, les postiers à 7h, les boulangers à 8h, les chauffeurs de bus à 9h, les élus à 10h et ainsi de suite. Oui, j’ai bien écrit les élus, car dans cette longue traversée du désert, nous aurons redécouvert le sens du service de l’Etat, du dévouement et du Bien Commun. Nous applaudirons toutes celles et ceux qui, d’une manière ou d’une autre, sont au service de leur prochain. Et nous appellerons cela la gratitude.

 Après ?
Nous déciderons de ne plus nous énerver dans la file d’attente devant les magasins et de profiter de ce temps pour parler aux personnes qui comme nous, attendent leur tour. Parce que nous aurons redécouvert que le temps ne nous appartient pas ; que Celui qui nous l’a donné ne nous a rien fait payer et que décidément, non, le temps ce n’est pas de l’argent ! Le temps c’est un don à recevoir et chaque minute un cadeau à goûter. Et nous appellerons cela la patience.

 Après ?
Nous pourrons décider de transformer tous les groupes WhatsApp créés entre voisins pendant cette longue épreuve, en groupes réels, de dîners partagés, de nouvelles échangées, d’entraide pour aller faire les courses où amener les enfants à l’école. Et nous appellerons cela la fraternité.

 Après ?
Nous rirons en pensant à avant, lorsque nous étions tombés dans l’esclavage d’une machine financière que nous avions nous-mêmes créée, cette poigne despotique broyant des vies humaines et saccageant la planète. Après, nous remettrons l’homme au centre de tout parce qu’aucune vie ne mérite d’être sacrifiée au nom d’un système, quel qu’il soit. Et nous appellerons cela la justice.

 Après ?
Nous nous souviendrons que ce virus s’est transmis entre nous sans faire de distinction de couleur de peau, de culture, de niveau de revenu ou de religion. Simplement parce que nous appartenons tous à l’espèce humaine. Simplement parce que nous sommes humains. Et de cela nous aurons appris que si nous pouvons nous transmettre le pire, nous pouvons aussi nous transmettre le meilleur. Simplement parce que nous sommes humains. Et nous appellerons cela l’humanité.

 Après ?
Dans nos maisons, dans nos familles, il y aura de nombreuses chaises vides et nous pleurerons celles et ceux qui ne verront jamais cet après. Mais ce que nous aurons vécu aura été si douloureux et si intense à la fois que nous aurons découvert ce lien entre nous, cette communion plus forte que la distance géographique. Et nous saurons que ce lien qui se joue de l’espace, se joue aussi du temps ; que ce lien passe la mort. Et ce lien entre nous qui unit ce côté-ci et l’autre de la rue, ce côté-ci et l’autre de la mort, ce côté-ci et l’autre de la vie, nous l’appellerons Dieu.

 Après ?
Après ce sera différent d’avant mais pour vivre cet après, il nous faut traverser le présent. Il nous faut consentir à cette autre mort qui se joue en nous, cette mort bien plus éprouvante que la mort physique. Car il n’y a pas de résurrection sans passion, pas de vie sans passer par la mort, pas de vraie paix sans avoir vaincu sa propre haine, ni de joie sans avoir traversé la tristesse. Et pour dire cela, pour dire cette lente transformation de nous qui s’accomplit au cœur de l’épreuve, cette longue gestation de nous-mêmes, pour dire cela, il n’existe pas de mot.

Ecrit par Pierre Alain LEJEUNE, prêtre à Bordeaux

Qu'en pensez-vous? 
Je vous attends mais je sais que je ne suis pas seule dans cette traversée.

Dans ce moment de communion quotidien, je vous envoie mon amitié.

A demain

Hélène 
*(j'aime ce mot car il évoque l'amour)



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Le Désert... (suite)

Bonjour les Compagnons de la traversée du Désert,

 En cherchant des textes pour notre Chemin de Croix, je retrouve ce que Frère Etienne Demoulin nous partageait sur le thème "SORTIR DE NOS EGYPTES".  L'Egypte était/est le pays de l'esclavage. TOUS nous avons nos égyptes et nous avons TOUJOURS à en SORTIR.

Qu'est-ce que je travaille?
En Egypte : 
  • je m'éloigne de moi-même (pas de temps pour réfléchir, se poser)
  • Je suis asservi au travail dicté par un autre
  • Je m'identifie au projet d'un autre sur moi
  • Le projet de pharaon (la puissance écrasante) prend toute la place et nous n'avons pas le droit de penser à qui nous sommes.
Avec Dieu :
  • Je vis une altérité et une différence avec un autre qui ne gomme ni ma propre altérité ni ma propre différence mais la conduit vers une plénitude.
  • Je suis un être debout devant Dieu.
Notre Dieu nous met DEBOUT face à lui.

Merci à Etienne pour ce regard qui nous aide à traverser le "désert" d'une manière plus libre, plus responsable.

Dans ce chemin dynamisant nous menant vers nous-mêmes en plénitude et à la relation non dominatrice avec le tout Autre, je vous accompagne de mon amitié.

A demain
Hélène

Au Dieu du temps

O Dieu, toi qui as du temps pour nous,
donne-nous du temps pour toi.
Toi qui tiens dans ta main ce qui a été, ce qui sera,
donne-nous de tenir dans nos mains
nos temps dispersés.
Donne-nous de tenir le passé sans être tenus par lui,
de vivre en mémoire et non en nostalgie,
de garder fidélité et non rigidité.
Enlève déjà, de nos passés, l'encombrement de l'inutile,
qui nous alourdit sans nous vivifier,
qui irrite le présent sans le nourrir.

Donne-nous de tenir le présent
sans être absorbés par lui,
de vivre en décisions et non en reports,
de saisir l'occasion favorable
sans nous agripper à l'occasion perdue,
de discerner les signes, sans les vanter
comme des oracles ou des privilèges.
Enlève déjà de nos présents la fièvre qui agite
et l'indolence qui rate.
Enlève de nous le tourment
de l'ailleurs et de l'autrement.
Donne-nous la saveur de l'ici et du maintenant.

Donne-nous de tenir l'avenir,
sans convoiter son illusion,
ni redouter sa venue ; donne-nous de veiller.
Enlève déjà de notre avenir le souci inutile,
qui vole le temps par l'appréhension,
qui supprime le temps par [a supputation.
Tu es le Dieu qui met le temps
à la disposition de notre mémoire,
de notre choix et de notre espoir.

Mgr Joseph Rozier (1924-1994) 
Bonjour à Vous les Compagnons de la traversée du désert,



Le Désert... (suite)

Depuis quelques jours, je trainais un peu la patte alors que je n'en ai pas vraiment de raison, alors que des choses bien difficiles se passent autour de moi/de nous : les malades dans les hôpitaux ou seuls chez eux, les soignants qui doivent affronter leurs peurs, les sans domicile fixe, les immigrés, les prisonniers, les personnes vivant de grandes solitudes morales, le confinement qui peut être porteur mais aussi source de violence, les travailleurs qui continuent à assurer nos vies...

Alors que faire? Se rendre disponible d'abord dans la tête, et aussi dans son espace vital en se désencombrant (hier soir, j'ai dégagé mon bureau, l'ai même ciré pour qu'il soit prêt à accueillir mon travail) et puis prier.

C'est ce que je nous propose pour continuer cette longue marche.

Je vous envoie tout ce que j'ai de meilleur en moi.

Belle journée et à demain
Hélène


 PRIERE DU SOIR : Être là, Seigneur, lorsque la nuit tombe » 

« Être là, Seigneur, lorsque la nuit tombe.

Être là, comme une espérance : peut-être allons-nous

toucher le bord de Ta lumière …

Être là, Seigneur, dans la nuit, avec au fond de soi cette

formidable espérance : peut-être allons-nous aider

un homme, très loin de nous, à vivre.

Être là, Seigneur, n’ayant presque plus de parole,

comme au fond du cœur qui aime,

n’ayant plus de regard ailleurs

que sur ce point de feu d’où émerge la vie

qui nous change en flamme.

Être là, Seigneur, comme un point tranquille

tourné vers Toi.

Être là avec tous ceux qui nous tiennent à cœur,

et savoir que nous nous entraînons tous

dans Ta lumière, et pas un instant n’est perdu.

Être là, Seigneur, nous abreuver à la Source

qui indéfiniment coule.

Dieu de paix dont la paix n’est pas de ce monde,

Dieu d’une vie qui abolira toute mort,

Dieu compagnon qui Te tient tous les jours

en nous, et entre nous,
sois avec nous maintenant et pour l’éternité. Ainsi-soit-il. »

Sœur Myriam (1925-2010), Septième Prieure de la Communauté Protestante des Diaconesses de Reuilly


Grandir dans la vie

Grandir, c'est éveiller la douceur en moi
et l'amener jusqu'au bout de la charité.

Grandir, c'est éveiller la gentillesse en moi
et l'amener jusqu'au cœur de la confiance.

Grandir, c'est éveiller le respect en moi
et l'accompagner jusqu'aux limites de la tolérance.

Grandir, c'est éveiller la patience en moi
et la conduire jusqu'aux terres de la vertu.

Grandir, c'est éveiller la bonté en moi
et l'amener jusqu'au bout de l'amour.

Grandir, c'est éveiller la prière en moi
et l'accompagner jusqu'aux sources de l’Evangile.

Grandir, c'est éveiller le désir de Dieu en moi
et l'amener jusqu'aux terres de la foi.

Grandir, c'est éveiller la pudeur en moi
et la conduire jusqu'au cœur du courage.

Grandir, c'est éveiller la bienveillance en moi
et la conduire jusqu'au cœur du partage.

Grandir, c'est éveiller l'homme en moi
et l'amener jusqu'aux portes de Dieu.

Grandir, c'est pousser la vie
jusqu'au-delà de ses limites en suivant le Christ
à travers tous les passages qu’il nous ouvre :
c'est ressusciter !

(Robert RIBER, tiré de « Fenêtres ouvertes », coll. 1000 textes)



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Le Désert... (suite 4)

Bonjour à tous les Compagnons du Désert,

Excusez-moi d'avoir été absente hier mais mon cœur était aussi en confinement.
Je suis partagée entre deux sentiments : grande tristesse pour tous ceux qui vivent l'angoisse de la maladie tant pour le malade que pour les proches. Je voudrais être en communion avec eux.

Et d'autre part, je me réjouis de voir toutes les initiatives généreuses, inventives pour aider les autres. Et c'est le meilleur qui surgit. Merci, MERCI, cela me fait vivre aussi.

Encore un petit poème de Ghislaine Yernaux-Henry, qui nous dit notre mission, notre dignité d'être humain : prendre en nous ce grand souffle qu'est la vie et de le porter plus loin dans l'amour et la liberté.

Ce chant que tu entends,
il faut que tu le dises
quelle qu'en soit la façon.
Plus mince que le tien
est le chant de l'oiseau
qu'il ne peut retenir.
En ta voix
libre
laisseras-tu l'amour…?

Dans ce souffle de vie que ce confinement nous donne peut-être l'occasion d'entendre, je vous souh
aite une journée de paix.

A demain

Hélène

Le Désert... (suite 3)

Bonjour à Vous les Compagnons de la traversée du désert,

Les circonstances parfois nous donnent l'occasion de nous révéler à nous-mêmes, de nous dépasser alors que nous nous en croyions incapables.

Merci à Marie-France pour l'envoi de ce beau texte qui colle tellement bien à ce que nous vivons.

SIMON DE CYRÈNE

Le poids de la vie,
je n’en avais pas grande idée avant
qu’on me réquisitionne. Au retour des champs,
quand on m’a collé la croix sur le dos,

j’en ai senti la griffe énorme, inévitable :
le ciel a basculé avec les maisons
du faubourg, le mont chauve, la haie des visages
fripés par la haine ou la compassion.

Il a fallu marcher. Lui devant, moi derrière,
nous formions ensemble un étrange attelage
et la croix traçait par terre un sillon
aussitôt piétiné. Je soulevais un tiers

ou un quart de la charge ; il portait le reste
- un regard de sa mère m’a récompensé.
Arrivé en haut, j’ai pu repartir.
On lui réservait la dernière étape

à faire immobile, cloué sur le bois.
Je me suis redressé pour le voir en face,
lui confier le fardeau dont j’étais soulagé.
Il l’a reçu, tenu à bout de bras

jusqu’au dernier soupir. Le chemin m’a roulé
au bas de la colline, muet, attendant
la réponse d’en haut. Du poids que j’ai connu
et qui ralentit mon pas aujourd’hui,

la part que je garde est humaine, légère.
Je marche à présent le dos droit, les yeux libres,
cherchant son visage entre ciel et terre.
Je le suis toujours.


Jean-Pierre LEMAIRE, Le pays derrière les larmes, Poésie / Gallimard, 2016, 
pp. 351-352


Dans notre marche courageuse dans ce désert, je vous/nous  souhaite de nous découvrir.

A demain

Hélène

Bonjour à Vous les compagnons du "désert",

Ce désert face auquel nous sommes confrontés, nous amène des moments de flottement, d'incertitude, de questionnement…. Et que faisons-nous sur terre? Quel est le sens de notre vie? 
Mais c'est peut-être notre chance d'enfin de voir notre vie en face.

Robert Riber, dans le texte ci-aprèsnous invite à être soi-même prophète malgré nos peurs, nos pertes de confort

Si tu criais
Et si, d'aventure,
toi aussi tu étais de la race de Jean.
Si, toi aussi, tu étais de la race des prophètes.
Si tu prenais des risques.
Si tu avais le courage de prendre parti
des humbles,
des petits,
des sans-voix.
Ne dis pas que tu n'es pas prophète...
Ne dis pas que tu ne sais pas parler...
Souviens-toi le jour de ton baptême "
"Tu es prêtre, prophète et roi".
Si, d'aventure, toi aussi tu étais la voix,
la voix des sans voix.
La voix de ceux que l'on enferme.
La voix de ceux que l'on bâillonne.
La voix de ceux qui n'ont même plus de voix
pour protester
pour supplier
pour dénoncer.
Et peut-être même plus de voix
pour prier, pour se révolter...
Toi, mon frère, si tu étais prophète! 

Dans ces chemins vers Pâques, je vous/nous souhaite des moments de clarté.

Amicalement 

à demain
Hélène 


_________________________


Bonsoir à vous  mes compagnons du désert,

Le désert, le silence … et 

"Le Seigneur dit : « Sors et tiens-toi sur la montagne, devant le Seigneur : voici, le Seigner va passer. » Il y eut devant le Seigneur un vent fort et puissant qui érodait les montagnes et fracassait les rochers; le Seigneur n’était pas dans le vent. Après le vent, il y eut un tremblement de terre; le Seigneur n’était pas dans le tremblement de terre. Après le tremblement de terre, il y a un feu; le Seigneur n’était pas dans le feu. Et après le feu, le bruissement d’un souffle ténu. Alors, en l’entendant, Élie se voila le visage avec son manteau; il sortit et se tint à l’entrée de la caverne. (1 Rois 19,11-13)"


Pour nous aider à entendre ce "bruissement" :  la Prière du Père Charles Singer : « Seigneur, pour un temps je me tairai et je T'écouterai » 


« Pour un temps je me tairai. 
De silence et de solitude, je m'entourerai,  
et ce sera comme en plein désert.
Je T'écouterai, Seigneur, 
et je Te regarderai T'asseoir à la table de Zachée le voleur 
et ouvrir les yeux de l'aveugle ; 
pleurer la mort de Lazare, Ton ami, 
et remettre sur pied ceux qui n'en peuvent plus ; 
pardonner à ceux qui crient des injures, 
tout donner, ton Corps, ton Sang, ta Vie 
et ta Joie d'aimer sans rien retenir pour Toi.
Tes paroles, je Les savourerai, 
comme du pain frais au réveil. 
Je Les mettrai dans mon cœur et en moi. 
Elles couleront comme une musique. 
Je Les attacherai à mes mains et en moi, 
comme dans la terre, 
Elles creuseront des sillons. 
Pour vivre selon le cœur de Dieu, 
je brûlerai ce qui est inutile, 
mes colères et ma dureté,
mes tristesses semblables à l'eau noire qui coule sous le pont, 
et mon désir d'avoir toujours raison.
Je brûlerai au feu de Dieu
et je jetterai les cendres,
et mon coeur sera neuf comme le soleil du matin
s'échappant du brouillard de la nuit.

Amen. »


Prenez bien soin de vous et de ceux que vous aimez et... aimez peut-être moins 

et à demain ?

PS Merci pour les partages de textes


Hélène