Homélie de la messe d'action de grâces des jeunes - profession de foi 2022
Le
célébrant prend sur la « montagne » un des « sherpas » (personnages
de bois et de carton avec sac au dos et bâton- que les jeunes ont confectionnés
à la retraite de profession de foi et qui les représentent) ; il le montre
à tous :
Bonjour,
je voudrais vous présenter quelqu’un : c’est Arthur.
Arthur,
il a 12 ans.
Il
se pose une question : « Qu’est-ce que je fous dans ce bordel
qu’est le monde d’aujourd’hui ? »
Peut-être
que vous vous êtes déjà posé la même question ?
C’est
vrai que la vie, elle n’est pas évidente, elle est même très compliquée,
surtout pour ceux qui vivent en Ukraine par exemple,
Mais
aussi chez nous, où il y a tellement de problèmes. D’ailleurs, Arthur, ses
parents ils savent plus tellement comment faire avec lui,
parce
qu’il devient adolescent et qu’il les provoque, il cherche sa place, il est pas
content du monde qu’on lui a laissé.
Au
début, on lui avait dit : « Tu verras, la vie, c’est génial ! Tu
auras un smartphone, t’auras plein de copains sur les réseaux sociaux ; l’école
te préparera à avoir un bon travail bien payé pour pouvoir t’acheter tout ce
dont tu auras envie ; tu auras une petite copine ou un petit copain, et tu
seras heureux ! »
Ah
oui, tiens !
« Qu’est-ce
que je fous dans ce bordel qu’est le monde aujourd’hui ? »
Les
marchands de bonheur, il y en a à tous les coins de rue, ceux qui promettent la
lune, les pubs à la télé : achète ci, achète ça, et ça sera la fête !
Mais
Arthur, il se rend bien compte que ça ne marche pas.
Il
est triste de voir qu’il y a tant d’injustices dans le monde, que certains ont
beaucoup et d’autres rien.
Qu’on
exploite et qu’on harcèle les enfants sur les réseaux sociaux.
Qu’on
détruit la planète en polluant toujours plus, détruisant même les animaux et
les forêts,
Que
les copains, ils sont là tant que tu as du fric et que tu peux faire la fête
avec eux, et t’amuser avec ta grosse bagnole ou ta moto pour faire comme les
champions…
Mais
quand t’es dans la merde, t’es souvent bien seul !
Alors,
Arthur, vous savez ce qu’il a fait ?
Eh
bien, il a pris son sac qu’il a rempli avec quelques objets de première
nécessité, quelques provisions, son bâton et ses souliers de marche, il a pris
le train et il est allé sur la montagne, là où ses parents et lui
étaient allés une fois il y a longtemps.
Il
s’est dit qu’en marchant, en montant, en prenant de l’altitude, avec des
efforts pour maîtriser son corps et libérer son esprit, il y verrait mieux.
Il
comprendrait mieux, il aura les idées plus claires.
Dans
son sac, il avait pris aussi un petit livre, un Evangile.
Il a
marché longtemps. Plusieurs jours.
La
montagne, ça se mérite !
Il a
eu un peu faim, un peu soif, un peu peur aussi parfois de se perdre… Mais sa
boussole lui indiquait toujours le bon chemin.
Sur
les hauteurs, il respirait le bon air non pollué, il admirait les fleurs et
écoutait les oiseaux. Une fois même, il a aperçu des chamois qui galopaient…
Il a
rencontré aussi des compagnons de marche qui cherchaient la même chose que lui…
Ils ont fait un bout de chemin ensemble.
A
l’étape le soir, dans les refuges, il ouvrait son petit livre, les évangiles,
et il lisait.
Un
matin, il s’est levé en même temps que le soleil. Il y avait plein de lumière
partout, l’herbe étincelait de rosée. On aurait dit que Dieu refaisait la
création…
Il
s’est assis sur un rocher d’où il pouvait voir toute la vallée, il a fermé les
yeux, et là, il a ressenti quelque chose d’étrange….
Il
s’est senti HEUREUX !
Alors,
Arthur, il s’est dit : « C’est donc ça le bonheur ! Il n’y a
pas besoin de tant de choses !
Celui qui a Dieu a tout. »
Alors
tout à coup, il s’est souvenu des huit paroles de Jésus qu’il
avait lues dans le livre:
Heureux
les petits, les pauvres,
Heureux
ceux qui sont tristes pour les autres,
Heureux
ceux qui veulent plus de justice,
Heureux
ceux qui pardonnent aux autres le mal,
Heureux
ceux qui ont un cœur propre plein d’amour,
Heureux
ceux qui font la paix,
Heureux
ceux qu’on harcèle parce qu’ils aiment Dieu.
Si
vous vivez ça, dit Jésus, si vous faites ce que je vous dis, heureux
serez-vous ! Et ce bonheur, personne ne pourra vous l’enlever.
Alors,
Arthur, il est redescendu de la montagne. Le jour était complètement levé.
Il
avait trouvé son chemin, pour toute sa vie, ses balises. Des bonnes
valeurs qui ne mentent pas, qui ne promettent pas du vent, des choses idiotes,
mais qui vont l’aider toute sa vie pour construire le vrai bonheur – pas tout
seul, mais AVEC Dieu et AVEC et POUR les autres.
Il a
compris que ce n’est pas l’exploit qui compte, mais les petites choses de la
vie de tous les jours, où on peut mettre plein d’AMOUR.
Le
monde pouvait tourner à l’envers, tant pis :
lui
et ses nouveau amis, les autres chercheurs de Dieu, ils vont partager ce
qu’ils ont trouvé avec plein d’autres personnes. Et petit à petit, d’autres
vont avoir envie de monter, de s’élever, de trouver le sens de leur vie…
Arthur
a trouvé le chemin du bonheur.
Et
il ne l’a plus lâché.
Maintenant,
je peux vous dire la vérité : c’est une histoire vraie ! Arthur,
c’est moi. Je ne voulais pas que vous le sachiez tout de suite en donnant
mon prénom.
Je
suis ce garçon qui a marché, marché, pour trouver le sens de sa vie. Et je suis
devenu prêtre pour partager ce que j’ai trouvé, que Dieu peut rendre heureux
celui qui suit Jésus…
Voilà
mes amis.
Vous
aussi vous avez fait une ascension, durant la retraite. Vous avez quitté votre famille
et vos occupations, vos amusements, pour chercher le sens de votre vie.
Vous
avez réalisé que vos parents vous ont donné eux aussi plein de bonnes
valeurs, des balises pour orienter votre vie dans de bonnes directions.
Et
ils vous ont mis sur le chemin chrétien. Là aussi, vous avez trouvé des
personnes pour vous soutenir, et nourrir votre foi : prêtres, catéchistes,
GPS…
Mais
c’est vous qui devrez choisir quel chemin vous allez prendre, quelles
valeurs vous allez garder, bien entendu, personne ne peut le faire à votre
place. C’est ce que vous avez fait le 1er mai dernier à Banneux,
devant vos familles et devant Dieu qui vous entendait. Vous vous êtes en quelque
sorte attachés à la cordée qui est la communauté de l’Eglise, comme les
drapelets tibétains où vous avez inscrit les paroles de votre profession de foi
personnelle, et qui tiennent tous ensemble derrière moi. C’est une chaîne de
solidarité et d’amitié, indispensable pour se sentir soutenu.
Peut-être
allez-vous continuer l’ascension, faire votre confirmation, et vous engager
avec l’aide de l’Esprit Saint pour vivre votre foi dans l’Eglise et la société.
Peut-être
allez vous abandonner et lâcher la corde…
Personne
n’est obligé !
Mais
si on a trouvé le vrai bonheur, et des amis pour le partager, eh bien, on a envie de faire
comme Pierre et André dans l’évangile : ils ont laissé la pêche aux
poissons, leur confort et leurs sécurités, pour suivre Jésus partout, comme un
vrai guide de montagne. Et il ne l’ont pas lâché !
On
va redire maintenant tous ensemble, jeunes, parents, catéchistes, GPS, et toute
la communauté, notre foi, notre confiance en ce guide et dans le chemin qu’il
propose,
en
lisant le « credo de l’assemblée » sur l’encart dans votre feuillet.