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FÊTE ET MESSE AU SACRE-COEUR 24 JUIN 2022

 24 juin 2022 : Fête du Sacré-Coeur 

et messe au monument à Dison




Ce vendredi, une trentaine de fidèles pèlerins venus de différents lieux de notre unité pastorale mais aussi d'autres endroits, a bravé le temps orageux et les menaces de pluie pour se rassembler sur les hauteurs de Dison, au pied de la grande statue du sacré-Coeur qui surplombe l'autoroute. Outre les "habitués", quelques nouvelles têtes ont rallié la prière, dont deux soeurs Religieuses de l'Instruction Chrétiennes nouvellement arrivées dans le doyenné : soeur Maria de Lourdes et soeur Agnès, qui découvraient ce sanctuaire.

La traditionnelle messe en l'honneur du Coeur divin de Jésus a pu avoir lieu sur une esplanade qui avait été désherbée et nettoyée avec soin par les ouvriers de la commune et quelques bénévoles : un tout grand merci à eux ! 


Une assemblée recueillie et heureuse de se retrouver ensemble autour de ce symbole important de l'histoire locale (cf article sur le S-C dans ce blog) a entonné avec ferveur les chants et les prières pour la ville et tous ses citoyens, pour les familles, pour le monde pour qui Jésus a donné sa vie sur la croix en révélant la miséricorde infinie du coeur de Dieu... Au dessus de la ville et de ses maisons, nous avions l'impression de célébrer la messe "urbi et orbi" !


Les gouttes nous ont épargnées - entre deux averses ; merci à nos météorologues de service qui avaient prédit l'éclaircie ! A la fin de l'office, tout le monde s'est réuni joyeusement pour une photo de groupe devant le Sacré-Coeur et pour partager de délicieuses gaufres offertes une heure auparavant par un voisin musulman de M. le curé (merci Fayçal ! Quel beau symbole d'universalité !) 

Quelle belle après-midi ! Vivement l'an prochain, plus nombreux encore !

MESSE AU SACRE-CŒUR 24/06/2022 (HOMELIE)

« Si je traverse les ravins de la mort, je ne crains aucun mal ».

Cette parole de la liturgie de cette fête du Sacré-Cœur m’a percuté au moment où je préparais cette célébration. Elle est extraite du psaume 22, le psaume du Bon Berger :

« Si je traverse les ravins de la mort, je ne crains aucun mal ».

On peut dire qu’aujourd’hui, le monde est gouverné par la peur.

Peur de l’avenir, peur de la guerre, peur du chômage, peur de ne plus savoir payer ses dettes, peur de la pauvreté et de tomber dans la misère, peur de la maladie et de la contagion du Covid, peur de la solitude dans une société du chacun-pour-soi, peur du réchauffement climatique et de ses conséquences sur la vie des gens, peur du délitement des structures sociales et de la montée de la violence… C’est un sentiment souvent diffus, pas très explicite, mais on sent cette inquiétude dans tous les milieux, et pas seulement boursiers.

En fait, ce qui plombe l'espérance, c’est la crainte d’être confrontés à quelque chose que nous n’avons jamais connu. On ne sait pas « vers quoi on va »…

Et, derrière tout cela, il y a la peur de la mort.

Nous savons déjà que les civilisations sont mortelles ; que les équilibres patiemment construits au cours des générations précédentes sont instables et fragiles… Les événements récents viennent de nous le rappeler abruptement.

On se pose aussi beaucoup de questions quant à l’avenir de l’Eglise… Est-elle aussi mortelle ? Du moins, sous la forme actuelle…  Et puis… parfois, c’est dans notre propre entourage, ou notre propre existence, que nous expérimentons durement cette finitude.

« Si je traverse les ravins de la mort, je ne crains aucun mal ».

La fête d’aujourd’hui nous invite à la confiance, à la résilience. À abolir la peur, mauvaise conseillère. Jésus ne nous le répète-t-il pas constamment dans ses évangiles : « N’AYEZ PAS PEUR ! » « NE CRAINS RIEN ».

La raison ? Dieu, en Jésus, a révélé son cœur ouvert sur la croix, pour preuve qu’il n’abandonnera jamais l’homme, l’humanité. Il ne nous abandonnera jamais. - À l’homme, en revanche, de ne pas abandonner Dieu !

Je lisais dernièrement un interview de l’ancien secrétaire général du Conseil Œcuménique des Eglise (COE), le pasteur Olav Tveit. Dans cet entretien, il fait observer à quel point notre foi chrétienne est importante pour toutes les personnes dans le monde qui vivent dans des conditions extrêmement difficiles, des situations de conflit, de pauvreté, mais aussi dont les vies sont similaires à la nôtre, affrontant les défis quotidiens de la vie.

Or, dit-il, dans les circonstances que traverse le monde aujourd’hui, on ne peut se contenter de discours faciles et superficiels, en particulier concernant la foi. La foi n’est pas un bonbon, une sucrerie que l’on donne à un enfant pour le consoler de s’être fait mal en tombant ! La Foi est une arme puissante, un moteur, une énergie ! (gratuite en plus). Mais elle est décapante et tranchante jusqu’aux moëlles, comme dit Paul. Elle nous met à nu, en défaisant tous nos faux-semblants, nos sécurités faciles et nos illusions. La vraie Foi nous pousse dans nos retranchements, justement là où ça fait mal, là où se cachent nos peurs. Elle les débusque, pour les désamorcer, les rendre obsolètes.

« Si je traverse les ravins de la mort, je ne crains aucun mal ».

Mais il y a un ravin à traverser ! Et il est profond. Ce ravin, il est en chacun de nous. C’est celui qui va de la rive du doute à celle de la Foi, du repli sur soi à l’ouverture, de la peur à la confiance, de la mort à la vie… Nous croyons parfois l’avoir traversé, l’avoir franchi, et puis on se rend compte qu’on y est pas encore, qu’on est retourné en arrière, sur la mauvaise berge du ravin. C’est tout le temps à recommencer.

C’est là que le langage de la Foi doit être vrai, et fort, comme dit le pasteur Tveit. Assez de guimauve et de caramel ! L’Evangile n’est pas que invitation, il est d’abord et surtout provocation. Et aussi convocation : on n’est pas chrétien tout seul ! On ne peut le devenir qu’avec l’aide des autres, de la communauté.

L’image du berger qui laisse ses 99 brebis pour courir après celle qui s’est perdue, parle bien de la sollicitude du Cœur de Dieu et de sa miséricorde ; il ne supporte pas de voir un de ses enfants perdus, tout seul, et il part lui-même à sa recherche pour en prendre soin avec beaucoup de tendresse, comme le raconte Ezéchiel.

Mais s’il la recherche tant, sa brebis perdue, ce n’est pas que pour lui-même : c’est pour la ramener au troupeau à qui elle manquait aussi, pour qu’elle puisse y retrouver sa place, et partager ensemble les vrais pâturages, la vraie bonne nourriture spirituelle.

C’est là que le Cœur de Jésus se révèle dans sa sagesse profonde : La perte de la Foi éloigne de la communauté, mais la conversion rapproche de la communauté qui renforce la Foi. Dieu, comme un berger, a prévu que pour sortir des ravins de la mort, il fallait une communauté fraternelle, un lieu d’échange où l’on renforce la foi les uns les autres en la partageant. Ce lieu, c’est l’Eglise, qui n’est pas un troupeau bêlant à la façon des moutons de Panurge :

Au travers de ce sentiment d’appartenance mutuel, mais aussi de solidarité véritable, nous pouvons ressentir le Cœur de Jésus, le Cœur de Dieu battre dans la façon dont chacun porte le souci de l’autre, dans la manière dont nous nous aimons concrètement et nous nous entraidons à devenir meilleurs. Ainsi, la Foi vécue en Eglise apporte véritablement une dimension d’espérance et d’expression de l’amour, en nous poussant hors de nous-mêmes, et nous arrivons alors ENSEM-BLE à dépasser nos peurs et nos timidités démobilisantes pour traverser les vallées de la mort.

« Si je traverse les ravins de la mort, je ne crains aucun mal ; ton bâton me guide et me rassure ».

Si vous voulez, pour moi, le bâton du berger, c’est cette communauté fraternelle -l’Eglise- qui est posée comme un pont, une passerelle, entre les deux berges du ravin. Chacun a besoin des autres pour traverser. On est tous une fibre du bâton… !

Chers frères et sœurs, que cette fête du Sacré-Cœur de Jésus nous encourage, nous les petits chrétiens de Dison et d’ailleurs, à vivre et à construire toujours davantage cette communion fraternelle dans notre Eglise, notre unité pastorale…, dans un esprit de synodalité, en portant particulièrement le souci de ceux qui sont en recherche ou qui ont perdu la Foi, pour qu’il y ait encore et encore de la joie dans le ciel - et sur la terre !  Amen !