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mardi 13 juillet 2021

. LITURGIE - HOMELIE DU DIMANCHE

 16 ème Dimanche ordinaire B : "C'est Lui notre paix"





Évangile de Jésus Christ selon saint Marc

En ce temps-là, après leur première mission, les Apôtres se réunirent auprès de Jésus, et lui annoncèrent tout ce qu’ils avaient fait et enseigné. Il leur dit : « Venez à l’écart dans un endroit désert, et reposez-vous un peu. » De fait, ceux qui arrivaient et ceux qui partaient étaient nombreux, et l’on n’avait même pas le temps de manger. Alors, ils partirent en barque pour un endroit désert, à l’écart. Les gens les virent s’éloigner, et beaucoup comprirent leur intention. Alors, à pied, de toutes les villes, ils coururent là-bas et arrivèrent avant eux. En débarquant, Jésus vit une grande foule. Il fut saisi de compassion envers eux, parce qu’ils étaient comme des brebis sans berger. Alors, il se mit à les enseigner longuement.



Homélie 

16è DIMANCHE ORD. B   (18/07/2021)

 

En Palestine, au sixième Siècle avant Jésus Christ, le Royaume du Nord, Israël, a été anéanti il y a belle lurette (en -722 ou -721).

Mais le petit Royaume du Sud, autour de Jérusalem, semble maintenant lui aussi menacé: les autorités civiles et religieuses sont pourries, le Peuple de Dieu est délaissé… on court à la catastrophe.

Un homme de Dieu, le prophète Jérémie, annonce que cette catastrophe va se produire. Elle est inéluctable (Jérusalem sera prise en -687 et la population déportée à Babylone), mais elle ne restera pas sans lendemain: Dieu lui-même va prendre son Peuple en charge: "Je rassemblerai moi-même le reste de mes brebis (…) Je susciterai pour elles des pasteurs qui les conduiront" .

Mais la promesse met du temps pour se réaliser.

 

Premier siècle de notre ère: sur cette même terre de Palestine, la situation est toujours aussi désespérée. Le pays est occupé par les armées romaines, les responsables sont divisés en divers clans qui se haïssent, s'opposent et se déchirent.

Une fois encore, le Peuple de Dieu est délaissé, abandonné.

Un homme, Jésus de Nazareth, entouré de quelques disciples, parcourent la région, annonçant un autre Royaume, une autre Parole, une autre Consolation.

 

Aujourd'hui, 21 siècles plus tard, qu'en est-il exactement?

Où est-il, ce Royaume promis par le Christ? Cette Parole qu'il a semée, qu'est-elle devenue?

Et quelle consolation peuvent attendre celles et ceux qui habitent le pays d'Israël ou les régions voisines?

Et quelle consolation pour tous ceux qui, à travers le monde, sont obligés de fuir leur pays pour échapper à la guerre, à la violence, aux catastrophes climatiques, à la misère?

 

Aujourd'hui, les foules, elles, elles sont toujours là.

 Et pas seulement en Israël ou en Palestine, mais dans le monde entier. Dans l’église du Béguinage en s’entassent les grévistes de la faim... Dans les maisons et les rues sinistrées de nos villes...

Toujours aussi perdues, toujours en quête d'espoir, mais si souvent abandonnées au désespoir.

D'Asie en Afrique, et au cœur même de nos sociétés occidentales, des foules entières attendent une Parole. Un geste d'Amour. Un souffle d'espérance.

Mais qui va leur donner cette parole, ce geste ?


Frères et sœurs, aujourd'hui, nous, baptisés, nous sommes tous les successeurs de ces disciples qui entouraient Jésus et portaient sa Parole aux foules.

Tous: bon catholiques ou chrétiens d'occasion, riches ou pauvres, nous sommes tous les disciples de Jésus, et c'est à nous d'annoncer sa Parole. D’agir en Son nom.

Si nous ne le faisons pas, qui le fera?


Bien sûr, comme les disciples de l'Evangile, nous avons fait notre part de travail. Comme eux, nous sommes fatigués, et nous n'aspirons qu'à un peu de repos, un peu de vacances pour certains...

Oui, mais les foules sont là.

Le grand cri du monde s'élève tout autour de nous: le cri des affamés, le cri des mal-aimés, le cri des paumés. Le cri des gens qui ont tout perdu dans les inondations.

Le cri de tous ceux qui sont abandonnés, délaissés.

Et nous aurions beau nous boucher les oreilles, ce cri parviendrait encore jusqu'à nous.

 

Comment y répondre ? Que pouvons-nous y faire ?

 

Revenons un instant à l'Evangile, et, plus précisément à l'attitude de Jésus : 

"  Il fut saisi de compassion envers eux." Littéralement: Il fut pris aux entrailles".  

"Et il se mit à les enseigner longuement…"

 

Que leur a t-il dit? Quelles ont été à ce moment-là, les paroles de Jésus? 

Mystère: l'Evangile n'en dit rien.

Il n'en dit rien parce que ce n'est pas l'essentiel.

L'essentiel, le plus important, c'est qu'il a été là, avec son cœur, avec ses tripes: il a été présent, il s'est rendu disponible.

 

Et là, tout est dit!

 

Aujourd'hui, il ne nous est pas demandé autre chose!

N'allons pas faire des belles phrases, concocter des beaux discours.

Ce n'est pas ce que "les foules" attendent de nous, mais simplement une présence, une disponibilité.

Devant l'enfant qui attend qu'on s'occupe de lui,
devant l'ami blessé,
devant celui qui a dû fuir son pays, 
devant le voisin sinistré,
devant tous ceux qui souffrent aujourd'hui,...

…sachons simplement nous rendre disponibles, et laissons parler notre cœur.
Sans calcul, sans attendre de retour.
 
Mais avec l'assurance que si nous parlons, si nous agissons avec notre cœur, c'est le Christ lui-même qui parlera par notre bouche, qui agira par nos mains.


« C’est toi, Jésus, qui es notre paix : par ta chair crucifiée, tu as détruit ce qui nous séparait, le mur de la haine. Tu as voulu créer en Toi un seul Homme nouveau en faisant la paix, et réconcilier avec Dieu les uns et les autres, ceux qui étaient loin et ceux qui sont proches, en les réunissant un seul corps. Par le moyen de ta croix, Tu as tué la haine.

Aide-nous Seigneur, nous tes disciples d’aujourd’hui, à être cette Bonne Nouvelle en actes. Amen. »