Article sélectionné

lundi 28 mars 2022

EDITORIAL AVRIL 2022

 

Edito : Mais où est passée la lumière ? 



La guerre en Ukraine et ses horreurs…, les menaces sur la paix et la sécurité dans le monde…, le dérèglement et l’urgence climatiques…, les réfugiés par millions…, les hausses des prix vertigineuses et la paupérisation d’une partie toujours plus importante de la population…, les stigmates des inondations qui ne sont pas guéris…, le Covid Omicron qui rôde toujours…, etc. etc.  Les perspectives d’avenir ne sont franchement pas folichonnes et l’inquiétude gagne de plus en plus de gens !


Où est passée la lumière ? L’insouciance ne semble vraiment plus de mise, à moins de vivre sur une autre planète. Que pouvons-nous faire ? Nous laisser sombrer dans la déprime, l’indifférence ou le cynisme (« je vous l’avais bien dit ! ») n’est pas une solution. Un certain nombre ont choisi la solidarité : Ils ont ouvert encore plus grand leur cœur, leur maison, leur portefeuille ou leurs bras pour venir en aide à ceux que le malheur a frappés. Participer à l’accueil des migrants ou des réfugiés, travailler comme bénévole aux restos du cœur, chez Oxfam, Solidarité-Dison ou d’autres associations d’entraide, lutter pour une commune propre et rouler de façon responsable, consommer de façon écologiquement plus neutre,  soutenir l’aide au développement dans les pays du sud, aider des jeunes ou des aînés en difficulté, créer des relations positives autour de soi, diffuser des bonnes nouvelles et des messages d’encouragement et d’amour (l’opposé des fake news)… Voilà les articles de notre CREDO d’aujourd’hui, celui que tout un chacun peut pratiquer pour faire grandir la lumière dans notre monde enténébré.  

Il reste un moyen que nous n’avons pas encore évoqué : la prière. La prière, si elle ne change pas le monde magiquement, elle nous change nous-mêmes en nous branchant sur la source de lumière et d’amour qui est Dieu. Ainsi, en puisant quotidiennement à cette source, je deviens petit à petit un porte-lumière pour les autres que je ne considèrerai plus comme étrangers à moi, mais comme mes frères, mes sœurs.

Ceci me rappelle le très beau témoignage de Peter Turney, photographe-reporter américain de retour d’Ukraine, invité de Laurent Delahousse sur le plateau de France 2 dimanche soir, qui disait : « J’ai l’impression d’avoir une très très grande chance de pouvoir témoigner de la vie de mon époque ; ça a commencé quand j’étais jeune, à 16 ans. J’ai un certain credo personnel : moi, j’envisage tous les gens de la terre qui sont comme mes frères et mes sœurs. J’ai l’impression que la terre entière, c’est ma famille. Et la photographie m’a permis depuis maintenant depuis plus de 40 ans de témoigner de la vie des gens ; et pour moi, la vie des gens, ça compte ! J’ai connu beaucoup de crises et de guerres, mais quand je suis arrivé en Ukraine, je n’étais pas prêt à témoigner de ce que j’ai vu là-bas. 

C’est la plus grande crise, le plus grand exode en Europe depuis la 2ème guerre mondiale. Ce ne serait peut-être pas une mauvaise idée, pour les gens qui voient cela (les images à la télévision), de fermer les yeux et d’imaginer que dans la seconde qui suit, on perd tout… on perd tout le sens de son existence. On perd sa maison, on perd son album familial, son travail, on perd peut-être son compte en banque, on perd ses amis, on perd son voisinage, et on va vers l’inconnu… Et aujourd’hui en Ukraine il s’agit pratiquement de 4 millions de personnes qui ont perdu tout ce sens de leur existence ! »  
https://www.france.tv/france-2/20h30-le-dimanche/3165903-emission-du-dimanche-27-mars-2022.html

La photographie, même en négatif, c’est aussi de la lumière qui éclaire les réalités des gens en les rapprochant de nous et en nous rendant sensibles à ce qu’ils éprouvent.

Ce qu’a voulu aussi faire le pape François en consacrant avec tous les évêques du monde la Russie et l’Ukraine au Cœur immaculé de Marie le 25 mars dernier est aussi une façon d’appeler la lumière divine qui habitait le cœur de Marie pour éclairer les cœurs douloureux et blessés, les cœurs endurcis ou enténébrés par la haine, et ramener l’espoir.

Est-ce que pour autant tous les chrétiens ont seulement compris l’initiative du pape François ? N’ont-ils pas réagi avec scepticisme, voire avec un haussement d’épaules ?  Une arme spirituelle, celle de la prière, alors que tonnent les canons et les mitraillettes ? Pour beaucoup, c’est sans doute avec plus ou moins d’indifférence qu’ils ont accueilli cette journée de prière pour la paix, qui ne « change rien » à un pur rapport de forces. 

Là est l’erreur ! En consacrant les deux pays frères ennemis à la Vierge, l’idée du pape est de leur rappeler leur héritage commun, leur amitié ancienne dans le Christ, au moment où les divisions sont plus fortes que jamais entre croyants partisans. L’acte de consécration à Celle qui a dit oui jusqu’au pied de la Croix, auquel prêtres et évêques des cinq continents se sont associés ce vendredi, souligne que « le peuple ukrainien et le peuple russe, qui Te vénèrent avec amour, recourent à Toi ». Les deux peuples, en effet, partagent la même ferveur mariale. « Nous avons préféré ignorer Dieu, vivre avec nos faussetés, nourrir l’agressivité, supprimer des vies et accumuler des armes […] », dit encore la prière.  Aux discours nationalistes figés dans la relecture mythique de l’Histoire, le pape oppose la fraternité.

L’arme spirituelle est une lumière forte qui éclaire et touche les consciences dans un conflit, car la prière place chacun face aux responsabilités devant Dieu, pas pour instruire des procès, mais pour que la tendresse maternelle de Marie qui ne condamne aucun de ses enfants, y compris Poutine, convertisse les cœurs des hommes et femmes des deux peuples, soldats comme civils, et les ouvre à la pitié, au remords, au désir de faire taire les armes et de se réconcilier. Ne méconnaissons pas la puissance de la médiation de la Vierge Marie ! Elle a déjà contribué à apaiser bien des conflits dans le monde.

Chers sœurs et frères, en cette montée vers Pâques – vers la lumière de la vie ! – n’avons-nous pas pour mission d’accueillir plus intensément et plus profondément la lumière de l’amour divin, par exemple en recevant le sacrement de Réconciliation et en nous réconciliant avec nos frères ?  Soyons donc pour le Seigneur ses porte-lumière pour arracher ce monde aux forces obscures qui l’emprisonnent ! La Lumière vaincra, qui peut en douter ?

« Let the sun shine in » « Laissons entrer le soleil », disait cette vieille chanson de la comédie musicale Hair (1969). Ce ne serait plus d’actualité ? Oh que si, bien du contraire ! Déjà, sainte fête de Pâques !

Votre curé Bernard

 

On se guette
Traqués, à bout de souffle marchant
Pétrifiés dans nos manteaux d'hiver
Refoulés aux frontières du mensonge des nations qui crèvent

Tués par des rêves chimériques
Écrasés de certitudes
Dans un monde glacé de solitude


Chantons
Nos rêves d'espoir sur un sitar
Sitar
De toi le roi est né et chantons
La vie qui est en nous et autour de nous

Laissons, laissons entrer le soleil
Laissons, laissons
Laissez, laissez entrer le soleil
Laissez, laissez

(adaptation Julien Clerc)

https://www.youtube.com/watch?v=hHuNZdsoDvA