Chers amis, avec tous mes vœux pour un temps de Noël rempli d'attention et de considération pour les plus petits, les plus fragiles, nos aînés qui se sentent parfois un peu inutiles, ou "de trop", voici ma méditation-homélie pour ce dimanche. Elle rejoint indirectement celle du pape François (2 février 2017) dont vous lirez l'extrait ci-dessous et qui m'a profondément touché.
Bénédictions à tous ! Que l'Enfant de la crèche qui nous tend les bras puisse rencontrer les nôtres, tendus vers ceux qui n'ont plus de mains, plus de pain...
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"Cette attitude (d'Anne et de Syméon) nous préservera d’une tentation qui peut rendre stérile notre vie chrétienne: la tentation de la survie. Un mal qui peut s’installer peu à peu en nous, dans nos communautés. L’attitude de survie nous fait devenir réactionnaires, peureux; elle nous enferme lentement et silencieusement dans nos maisons et dans nos schémas. Elle nous projette en arrière, vers les exploits glorieux – mais passés – qui, au lieu de susciter la créativité prophétique issue des rêves de nos fondateurs, cherchent des raccourcis pour fuir les défis qui aujourd’hui frappent à nos portes. La psychologie de la survie ôte la force à nos charismes parce qu’elle nous conduit à les ‘‘domestiquer’’, à les ramener ‘‘à portée de main’’ mais en les privant de cette force créatrice qu’ils ont inaugurée ; elle fait en sorte que nous voulons davantage protéger des espaces, des édifices ou des structures que rendre possibles de nouveaux processus. La tentation de la survie nous fait oublier la grâce, elle fait de nous des gérants de l'Eglise, des professionnels de la foi, mais non des pères, des mères ou des frères de l’espérance que nous avons été appelés à prophétiser. Ce climat de survie endurcit le cœur de nos aînés en les privant de la capacité de rêver et, ainsi, stérilise la prophétie que les plus jeunes sont appelés à annoncer et à réaliser. En peu de mots, la tentation de la survie transforme en danger, en menace, en tragédie ce que le Seigneur nous présente comme une opportunité pour la mission. Cette attitude n’est pas propre uniquement à la vie consacrée, mais à titre particulier nous sommes invités à nous garder d’y succomber.
Retournons au passage de l’évangile et contemplons de nouveau la scène. Ce qu’a suscité le chant de louange en Syméon et Anne, cela n’a pas été, bien sûr, de se regarder eux-mêmes, d’analyser et de revoir leur situation personnelle. Cela n’a pas été de s’enfermer de peur que quelque malheur ne puisse leur arriver. Ce qu’a suscité le chant a été l’espérance, cette espérance qui les soutenait dans la vieillesse. Cette espérance s’est vue récompensée dans la rencontre avec Jésus. Lorsque Marie dépose dans les bras de Syméon le Fils de la Promesse , le vieillard commencer à chanter, il fait une “liturgie”, il chante ses rêves. Lorsqu’elle met Jésus au milieu de son peuple, celui-ci trouve la joie. Oui, il n’y a que cela pour pouvoir nous redonner la joie et l’espérance, seulement cela nous préservera de vivre dans une attitude de survie. Uniquement cela fécondera notre vie et maintiendra vivant notre cœur. Mettre Jésus là où il doit être : au milieu de son peuple."
[...] Oui nos aînés peuvent prophétiser à notre peuple, parler à notre peuple de l’existence de Dieu, de sa présence dans le monde, de son action et de son amour. « Seigneur, envoie ton Esprit, qui renouvelle la face de la terre »
(tiré d'une homélie du pape François pour le XXIè anniversaire de la vie consacrée)